L'onde mortelle et secrète du devenir
Crève sa brume
Et nous invite à y plonger.
Nulle île ne rescape de ces sombres profondeurs
Nos âmes rêvant de plages vierges et blanches.
Et la musique nous emporte,
Nous enfonçant dans de ténébreux abysses,
Ô mirage de la destinée !
Dérivant sur des navires comme de funestes tombeaux !
Le voyageur est pris entre le désir d'arriver,
Et celui de jouir des vagues qui le caresse.
Enfant sur les rives nous construisions des châteaux,
Mais les remparts contre la marée ne sont jamais assez hauts.
Le goéland nous parait majestueux,
De baigner à la fois dans la mer et dans les cieux.
Mais nous savons que nous devons errer,
Et que rien ne peut retenir les flots.
Au creux de la mort,
Le voyage nous retourne,
Mais l'éternité même a l'allure de l'abîme,
Et les vagues nous changent,
Comme elles changent le roc en sable rose ou blanc,
Ou les épaves en forêts de coraux.
Seuls les soupirs s'évanouissent dans le naufrage,
Et les chants que nous avons suivis à travers la mer,
Chanteront encore à travers le vent.